Sur le chemin de Katmandou. Comme c’était le cas pour Nosy Be, je suis porté par la réussite professionnelle de ma moitié. La route est plus détendue que le retour à La Réunion, mais l’atterrissage vaut bien une pause à Ivato.
Qu’est-ce qu’on met dans sa valise avant de démarrer une nouvelle vie ? J’en suis à mon troisième « nouveau départ » et c’est aussi difficile que la première fois. L’essentiel y est, on peut partir. Il faut surtout que je me prépare à faire 13h de vol avec un arrêt à l’île Maurice et un à Kuala Lumpur.
Entre La Réunion et l’île Maurice, c’est toujours la même chose : à peine l’altitude de croisière atteinte, le pilote annonce déjà qu’on entame la descente. Il paraît que c’est le voyage le plus cher au monde par rapport à la distance. L’escale de deux heures au pays me permet d’admirer le nouveau terminal de l’aéroport Sir Seewoosagur Ramgoolam.
Arrivée en Malaisie, je me perds dans l’immense aéroport international de Kuala Lumpur. Il faut prendre un aérotrain pour passer l’immigration avant de pouvoir récupérer les bagages. Je suis déconcerté par la facilité avec laquelle je passe l’immigration. On ne me demande ni un billet retour, ni la durée de mon séjour. De toute façon, ma route ne s’arrête pas là. Dans l’aéroport, des affiches signalent qu’en Malaisie, la possession de drogue peut conduire à la peine de mort. Sachez-le.
Je dois prendre une navette pendant vingt minutes pour aller au Low Cost Carrier Terminal (LCCT), d’où décolle les appareils d’Air Asia. Dans ce terminal, un écran au dessus des comptoirs d’enregistrement diffuse un sketch de Mr. Bean. Celui où il a du mal à faire sa valise avant de partir en vacances. J’ai l’impression de me voir un jour plus tôt, l’ours en peluche en moins.
À bord d’Air Asia D7 192, je termine mon message pour la 306e émission de l’Atelier des médias qui doit faire un point sur la troisième saison de Mondoblog. À côté de moi, une anglaise qui vit entre la Nouvelle-Zélande et l’Asie du Sud-Est me rappelle qu’il y a autre chose que la Premier League en m’apprenant qu’elle est supportrice de Preston North End, une équipe de League One (troisième division anglaise). Peut-être est-ce bon de savoir où mon équipe peut atterrir si elle continue sur son rythme actuel ?
À quelques minutes de l’atterrissage, le pilote nous invite à regarder l’Everest sur notre droite. Je mets un moment avant de comprendre que ce que je vois n’est pas un énorme nuage, mais la neige sur le « toit du monde ». Wow ! J’ai le cœur qui palpite. « Ah ouais, je vais vraiment habiter là-bas ». Ça y est, je réalise un peu plus.
Dans le couloir qui mène à l’immigration, nous sommes accueillis par des messages sponsorisés par Ruslan, la vodka locale. On y trouve des généralités « le plus petit homme du monde et la plus grande montagne du monde sont dans le même pays », « après le Brésil, le Népal est le pays avec le plus de ressources en eau ». Et puis, on apprend des informations insolites, que je prends pour des avertissements comme « le klaxon est une façon créative de se présenter sur la route » et « au Népal on n’est pas pressé, prenez votre temps ».
Je fais la queue pendant près de deux heures avant de passer au comptoir de l’immigration. Tout ça pour trois raisons. Premièrement, je n’ai pas mon visa j’en fais la demande sur place. Sauf que j’aurais pu imprimer le formulaire de demande chez moi et ne pas perdre du temps à le remplir avant de faire la queue. Donc, si vous voulez venir au Népal, choisissez de faire le visa depuis votre pays d’origine ou imprimez le formulaire chez vous. Deuxièmement, pendant les trente premières minutes, il n’y a qu’un seul comptoir ouvert pour la file « sans visa ». Enfin, troisièmement, l’immigration a une logistique particulière. Au comptoir, un homme reçoit mon passeport, me demande combien de temps je reste, réceptionne l’argent pour le visa et ma photo d’identité, il passe mon passeport à une deuxième personne à côté de lui ; celle-ci scanne le passeport, vérifie le reçu et passe le passeport à une troisième personne à côté ; la troisième personne prend le passeport, fait je-ne-sais-quoi avec la photo d’identité, écrit quelque chose et passe le passeport à une dernière personne ; cette quatrième personne colle le visa dans mon passeport et le signe, voyant que je suis Mauricien, me demande si je parle le hindi. J’assure que j’apprendrai ici. Grand sourire et dodelinement de la tête, on me tend le passeport et je peux aller récupérer ma valise. Le carrousel à bagages ne tourne plus, il n’y a que ma valise dessus et un employé de l’aéroport est en train de l’enlever. J’arrive à temps pour la lui prendre.
En plus de la fatigue de l’attente, je commence à stresser : il ne me reste plus que quelques minutes avant l’heure limite de l’envoi de mon message pour l’Atelier des médias.
Au comptoir des taxis, je donne le nom de l’hôtel où je dois aller et l’adresse. Trois hommes discutent : le premier dicte mon adresse à un deuxième qui l’écrit sur mon reçu avant de recevoir mon argent et le troisième me guide vers le taxi. Quand je répète au conducteur l’adresse, il regarde le reçu et me signale que ce n’est pas le bon tarif. Je retourne au comptoir et je dois rajouter Rs50 népalaises, soit Rs15,57 mauriciennes ou 0,37€. En route, Ranjit, le conducteur, me demande à trois reprises « Sanepa, Lalitpur ? » Oh non. Suis-je en train de revivre une expérience sénégalaise ? Je lui donne le numéro de l’hôtel. Il appelle et je ne comprends rien de ce qu’il dit. Il raccroche et fait un sourire avant de faire demi-tour sur une petite route où la circulation est aussi dense que sur les Champs-Élysées. On roule lentement encore cinq minutes et Ranjit me montre enfin ma destination.
Un aller pas si simple que ça sur la fin. Avec l’attente et l’échéance. Mais je le sens tout de suite : Katmandou vaut bien un petit coup de pression, une ballade gratuite et une attente de deux heures. Nous sommes arrivés dans l’effervescence du Dashain et dans deux jours commence Jazzmandu.
Je lâche le clavier pour aller découvrir la ville, le pays. Je vous donnerai des nouvelles.
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