Malgré toutes les médisances contre Pokhara, je suis allé en famille dans la deuxième plus grande ville du Népal pour assister au Street Festival. Bonnes musiques, sport, lever du soleil mystique et plaisir des papilles. Dommage pour ceux qui n’y iront jamais à cause des à priori.
Depuis le samedi 28 décembre, jour de notre arrivée à Pokhara, la ville est animée par la 15e édition de son Street Festival. Traduisant naïvement le nom de l’événement, je m’attends à un festival d’arts de rue.
La route qui longe la Fewa Tal[1] est piétonne pour l’occasion. Mais il y a très peu d’art. Trois ou quatre scènes sont perdues au milieu des étales des magasins et des tables de restaurants qui ont été prolongés jusqu’aux trottoirs. Tous diffusent leur musique et ce mashup n’est pas très harmonieux.
En fait, le festival a lieu dans un énorme parc et il faut payer NRs50[2] pour y entrer (NRs100 à partir de 18h). C’est une succession de concerts dans une fête foraine (grande roue, manège, jeux et restaurants). Lors de notre passage sur ce site, un groupe de rock fait danser tous les spectateurs. Même si le chanteur n’est pas très juste – surtout en reprenant de Sweet Child O’ Mine des Guns N’ Roses – les musiciens se débrouillent très bien et je sautille avec les autres membres du public.
Le lendemain, c’est la même cacophonie dans les rues de Pokhara. Mais ce soir, les commentaires footballistiques de Star Sports se mêlent au hip-hop népalais, aux chants traditionnels, à la techno et au rock.
Au fil de nos déambulations, on découvre le Club Amsterdam Café. Ce bar offre la meilleure animation du monde : rock et foot.
Alors que deux groupes se succèdent pour reprendre Led Zeppelin, Nirvana, Deep Purple et Guns N’ Roses (apparemment, c’est un groupe très apprécié à Pokhara), le match Chelsea-Liverpool est projeté sur grand écran. Eto’o marque sur Another Brick in The Wall. L’ambiance monte considérablement quand un des groupes joue Sakara Nali du célèbre groupe de rock Nepathya, originaire de Pokhara.
Le balcon à l’étage donne au Club Amsterdam Café des allures de théâtre à l’italienne. Le tout s’apprécie avec un rhum Khukri. Qu’est-ce qu’on est bien à Pokhara.
La veille de la Saint-Sylvestre, ça devient très festif. Le Mount Kailash Resort souhaite déjà la bonne année avec un spectacle en plein air. On arrive quand un groupe de quatre danseurs se lance. On dirait le parfait clone népalais d’Alliage. Trois garçons peinent à exécuter la chorégraphie au fond de la scène. On le sent, le quatrième placé en avant prend ça très au sérieux : il ferme les yeux, mime les paroles de la chanson et, il faut l’admettre, bouge mieux que ses camarades qui ont l’air de s’en foutre complètement. On reste jusqu’à la performance d’une fille, habillée en sari, qui fait des pas de danse indienne sur un medley de chants traditionnels et Michael Jackson.
Le centre de Pokhara offre peu de divertissements dans la journée. Des sites intéressants autour de la ville sont accessibles en quelques coups de pédales. Rien que le trajet est une distraction. Dès que l’on sort du calme matinal (parce que la rue est exceptionnellement piétonne) de Lakeside, la Siddharta Rajmarg nous plonge dans une autre ambiance. Les gros camions, la fumée noire et épaisse des pots d’échappement et les klaxons nous rappellent ceux qui nous manquent le moins à Katmandou.
Au sud du lac, au niveau de Chhorepatan, se trouve le village tibétain de Tashi Ling. Ce camp de réfugiés est incroyablement calme. On peut aussi s’arrêter au monastère Shree Gaden Dargay Ling. Entre les deux, des petites échoppes qui proposent de l’artisanat tibétain est une étape pour les cars de touristes.
C’est encore plus paisible au nord du lac. Les paysages défilent et sont très différents. Les parapentistes atterrissent, les hippies cherchent leur route, les buffles font la course, les paysans portent d’énormes bottes de paille sur le dos, les chevaux à côté des échassiers dans le marécage rappellent la Camargue, les élèves de l’école monastique Pal Ewam Namgyal jouent au basket-ball, des bus remplis (certains passagers s’accrochent de l’extérieur) s’enfoncent plus loin dans le village.
On a alors une toute autre facette de Pokhara et du Népal en général. C’est très agréable.
Quand on est à Pokhara, autant en profiter pour monter à Sarangkot et admirer le lever du soleil. Le Lonely Planet parle d’expérience « mystique ». C’est tout à fait ça. Les premières lueurs éclairent progressivement l’immense Annapurna et ce n’est que trente minutes plus tard qu’on peut voir les courbes du soleil apparaître. Le fait d’entendre plusieurs langues autour de moi amplifie le caractère mystique de cette expérience. Des dizaines de touristes (Japonais, Français, Américains, Chinois, Allemands et Népalais) sont là pour assister à ce spectacle.
Après les virées à vélo, il c’est plaisant de retrouver l’ambiance festive de Pokhara. De temps en temps des Népalais défilent en habits traditionnels et faisant retentir leurs instruments. Quelques rares groupes proposent un spectacle sur une des scènes de la rue.
Et quand on en a assez de tout ce brouhaha, on peut aller se détendre au bord du lac. Contempler la valse des barques multicolores. Convoiter la Pagode de la Paix dont on voit la tête en haut d’une colline. Discuter avec les vieilles et adorables Tibétaines qui essaient de nous vendre leurs bracelets.
Ou tout simplement, prendre en verre et bronzer. Oui ! Parce que, même si les nuits d’hiver sont très fraiches, dans la journée le soleil tape et la température peut monter à 23°.
Ce pays est magique.
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