Coup dur pour l’île Maurice ce week-end de Pâques 2013. Je devine que les chocolats avaient un goût amer. Je devine car je n’y suis pas. Je lis beaucoup les nouvelles de mon pays, mais ce samedi 30 mars, c’est par le SMS d’un ami que j’apprends qu’une pluie torrentielle a inondé les routes de Port-Louis, la capitale. Au moment où je lis ce message, le déluge aurait provoqué la mort de 3 personnes et les voitures seraient entassées les unes sur les autres sur l’autoroute.
Je suis en direction pour l’aéroport de Nosy Be, je pars pour de bon. Enregistrement, transfert de poids d’une valise à l’autre (pas plus de 32kg par bagage), excédent, je n’ai pas vraiment le temps de vérifier l’information. Je ne réalise pas l’ampleur de la catastrophe.
J’arrive à Tana le soir parce que je dois y faire des démarches administratives.
Ce n’est que le lendemain matin, dimanche 31 mars, que je lis des articles sur Internet qui évoquent le drame. Le passage piéton sous-terrain qui relie le centre-ville au Caudan Waterfront a été complètement inondé. J’ai du mal à le croire. Et il y a pire. Des personnes qui se trouvaient dans ce tunnel n’ont pas pu en sortir et sont mortes noyées. Plus loin à Grande-Rivière, une dame choquée par la rapide montée de l’eau serait morte d’une crise cardiaque. Ça fait 8 morts… pour le moment.
Je suis secoué. Je ne connais pas les victimes et je ne suis pas au pays, mais je suis vraiment bouleversé. Comment ne pas l’être ? Sur Facebook, je constate que, bien sûr, je ne suis pas le seul Mauricien exilé qui est affecté par cette triste nouvelle. Je mets un moment avant de m’en remettre. J’envoie des messages et des mails à mes parents et aux amis parce que j’ai besoin d’en parler avec ces proches sur place. Je prie. Qu’est-ce que je pourrais bien faire d’autre ?
Plus tard dans l’après-midi, je lis que trois autres corps sans vie ont été retrouvés.
Toujours sur Facebook, je découvre que la tristesse a laissé sa place à la colère. Quelques-uns des mes contacts mauriciens demandent les explications, les réactions et la démission de ceux qui nous gouvernent. On cherche les responsables.
La station météorologique de l’île Maurice a toujours eu la réputation d’être nulle pour faire les bonnes prévisions. Maintenant, ce n’est plus une réputation, c’est un statut.
Ceux qui nous gouvernent… Il y a l’opposition qui profite de ce drame pour critiquer le gouvernement en place. Démagogie de merde. Selon le Premier Ministre, Navin Ramgoolam, l’île Maurice « souffre malheureusement du changement climatique comme bien d’autres pays ». Arrogance légendaire.
Ceux qui nous dirigent aujourd’hui et ceux qui nous ont dirigé hier nous font chier.
C’est dans la douleur qu’on constate la solidarité. Elle n’est pas que sur les réseaux sociaux. Je sais que beaucoup de bénévoles sont allés aider les sinistrés de canal Dayot. Je sais que de vivres ont été collectés pour eux. Je sais que ça continuera tant qu’il y en aura le besoin.
Après les récentes protestations contre l’implantation d’une centrale à charbon à Albion, je n’avais pas senti (certes, c’est une sensation virtuelle) autant de cohésion chez les Mauriciens. Je sens surtout le ras le bol face à l’indifférence du gouvernement. Il faut que le monde le sache : les Mauriciens ne veulent plus subir les décisions des politiciens.
Moi, je ne suis pas « dans la baise » au quotidien. Mais comme Gaël qui a écrit une lettre ouverte au Premier Ministre depuis la France, je veux apporter ma contribution en essayant de répandre ce message du mieux que je peux.
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