Mes amis ont déjà superbement décrit l’aventure #MondoblogAbidjan. J’ai eu plus de mal. Comme une antilope saoulée au koutoukou qui cherche une princesse sur une piste d’atterrissage, mon compte-rendu va dans tous les sens.
« À moi le koutoukou ! » Ça a été ma première pensée quand mon voyage en Côte d’Ivoire a été confirmé. Enfin, la deuxième. Juste après les vives louanges au Dieu du blogging parce que j’avais été sélectionné pour la formation #MondoblogAbidjan. Je prévoyais aussi de visiter Yopougon car j’avais envie de voir l’univers d’Aya en vrai.
Et puis j’ai entendu Vladimir Cagnolari parler de la Rue Princesse avec beaucoup d’enjaillement dans l’émission de l’Afrique Enchantée consacrée au Marché des Arts et du Spectacle Africain (MASA). J’ai donc ajouté « m’ambiancer dans un maquis de Rue Princesse » sur ma liste.
Quatre jours avant mon départ, j’ai fait la connaissance d’un footballeur ivoirien dans Thamel à Katmandou. Quand je lui ai dit que je voulais boire un koutoukou à rue Princesse, il m’a répondu : « Mais toi, tu connais déjà tout, dèh ! »
Quand je suis arrivé en Côte d’Ivoire, j’ai compris que la fête pouvait être intense Rue Princesse, que cette partie de Yopougon était parfois considérée comme un lieu de débauche. « Mais ce n’est plus comme avant », m’a-t-on aussi prévenu. Il paraît que depuis avril 2011, « la Rue » (comme on l’appelle affectueusement à Abidjan) a perdu de son charme – les autorités voulant y faire le ménage.
En attendant de me faire ma propre opinion, j’ai donné un aperçu gustatif du Népal à quelques camarades Mondoblogueurs. J’avais rapporté une bouteille de Hinwa, « le vin népalais ». En général, les Occidentaux le détestent. Moi j’aime bien. Surtout à seulement NRs 380 (2€90).
Après la premières gorgées timides, beaucoup l’ont trouvé « surprenant ». Les fins connaisseurs en œnologie (sacrés Français) m’ont confirmé que « ce n’est pas du vrai vin ». Un a trouvé que ça ressemblait au Patxaran basque et une y a trouvé des saveurs du vin de Cilaos. Un autre, à peine les lèvres trempées dans le breuvage, l’a trouvé « dégueulasse ». Je les avais prévenus. La prochaine fois, je ramènerai de l’alcool de Yarsagumba.
Quelques heures avant mon départ prévu de la Côte d’Ivoire, j’ai finalement trouvé ma bouteille de koutoukou. J’ai été, néanmoins, étonné de voir à quel point cette boisson était rare à Grand-Bassam, alors que le Nescafé est partout.
Cet après-midi du dimanche 11 mai, j’ai eu de drôles de sentiments dans la voiture qui me conduisait à l’aéroport d’Abidjan. Triste de voir l’aventure se terminer. Mais aussi un peu déçu de ne pas avoir vu « la Rue ». Heureusement, Kpénahi m’accompagnait. Les Mondoblogueurs savent que son rire contagieux (même quand elle a une larme qui roule dans l’œil) a le pouvoir de faire oublier les petites tracasseries.
Finalement, je n’ai pas décollé ce soir-là. Après 3 heures de retard sans explication, les employés de la compagnie aérienne ont annoncé qu’un réacteur de l’avion avait été endommagé à cause d’une collision avec… une antilope.
J’ai eu 24 heures pour découvrir Abidjan. J’ai essayé d’en profiter. Je suis allé à la Rue vers 18h le lundi. C’était triste : pas d’ambiance, pas de musique, mais beaucoup de bars fermés. J’avais probablement trop d’attente. Ou alors, on y a vraiment bien fait le ménage.
J’ai lu presque tous les billets qui racontent la formation #MondoblogAbidjan. J’y ai senti beaucoup d’émotion. À mon retour à Katmandou, je me suis dis que je n’étais pas aussi touché : « c’est le décalage horaire qui me rend amorphe ». Mais je suis moi aussi atteint du Syndrome Post Mondoblog qui me donne la gueule de bois. Le fameux dimanche de l’antilope, je serrais déjà les dents en partant de l’hôtel. J’ai même parlé de « Mondoblues ».
#MondoblogAbidjan c’est fini. 1000 mercis aux 4 fantastiques de l’@Atelier_medias #MondoBlues pic.twitter.com/0erIhtWeZr
— Stéphane Huët (@fanuet) 11 Mai 2014
On était vraiment bien à Abidjan.
J’y ai enfin rencontré Guénolé et ma filleule Mondoblog, Isabelle. On a pu dire merci à « Papa Philippe » de nous avoir permis d’embarquer dans cette aventure. Khaofi s’est souvenu qu’il me devait une bière depuis Dakar – je l’avais oublié. Je me suis remis au jogging avec Pascaline et Berliniquais. Ça m’a plu d’être officiellement « le Népalais » de la bande – on m’a posé tellement de questions intéressantes sur mon pays d’adoption (que certains le situaient en Amérique du Sud). C’était bien d’entendre la conviction chez nos hôtes qui, comme Moussa, parlaient d’une Côte d’Ivoire « (re)devenue fréquentable ».
Enfin, ça m’a fait sourire quand quelques Ivoiriens, fidèles auditeurs de RFI, m’ont demandé si Juan Gomez était avec nous. J’ai vu la déception dans les regards quand j’ai répondu que non. « Je sais, moi aussi je voulais lui dire de faire une bise à Élisabeth Quin ».
J’ai acheté le DVD Aya de Yopougon à Abidjan. En le regardant à Katmandou, mais surtout en écoutant les intonations des acteurs, j’ai eu l’impression d’entendre Babeth et les autres amis ivoiriens. Forcément, ça donne un léger spleen tout ça. Mais j’avais prévu une parade pour contrer ces émotions. Dans ma valise, j’ai remplacé la bouteille de Hinwa par du koutoukou artisanal et du vrai chocolat ivoirien.
La désillusion de la Rue et la nostalgie d’après-formation passeront. J’arrive d’abord à me consoler parce que je suis fier d’être parmi ces quelques moutons noirs. Et puis, la Côte d’Ivoire a en tant d’autres choses à offrir.
Aujourd’hui, les 66 autres Mondoblogueurs de la formation et moi-même sommes ambassadeurs du tourisme de la Côte d’Ivoire. Rien que ça, dèh ! Alors, je compte bien revenir faire un tour en eburnie pour assumer mon rôle sérieusement.
Commentaires