Attroupement et circulation arrêtée sur la Ring Road ce vendredi 15 novembre. On a signalé la présence d’une bombe artisanale. Plus de bruit que de mal.
C’est une matinée qui commence comme toutes les autres depuis mon arrivée au Népal. La veille, des dizaines de personnes défilaient dans les rues de Katmandou à l’occasion de la Journée Mondiale du Diabète. Ce 15 novembre, il y en a autant qui brandissent des drapeaux avec le marteau et la faucille (impossible de savoir de quelle branche communiste il s’agit). Ils et elles manifestent pacifiquement, criant des slogans et interrompant la circulation à la jonction de Tripura Marg, Thapathali Road et Kupondole Road – la sortie de la capitale, en direction de Lalitpur. Le cortège avance vers le quartier de Tripureshwor. Les véhicules peuvent redémarrer.
Quelques minutes plus tard, c’est la Ring Road qui est bloquée au niveau de la Naya Bato à Lalitpur. Vraiment bloquée cette fois. Plusieurs motocyclettes et voitures sont garées en désordre et deux rangées de personnes – une au nord, une au sud – laissent cette route vide sur environ 300 mètres.
On me dit qu’une « socket bomb » est en train d’être désamorcée. Socket ? Là, mon traducteur intégré a du mal. La personne qui m’a donné l’info sourit et traduit en népali. Malgré les quelques surnoms tendancieux qui m’ont été donnés pendant mes études universitaires à cause de ma pilosité faciale, je ne connais rien en explosif. Ni en français, ni en anglais et encore moins en népali.
Au sud de la route, environ 200 personnes observent. Le chauffeur d’un bus marqué « Tourist » fait demi-tour alors que ses passagers prennent des photos de l’opération.
Ça y est, j’ai un scoop. Je me vois déjà en train de faire un direct pour la Mauritius Broadcasting Corporation (MBC), être publié par Le Matinal. Mon H2 enregistre, je prends des photos et je pose des questions. Mais les policiers ne sont pas bavards. Quand j’essaie de lire son grade et son nom inscrits sur sa chemise, l’un d’eux pivote un peu pour cacher son badge. Il me donne son prénom : Kumar. Il répond à chacune de mes questions en commençant par « OK ».
La police aurait reçu un appel à 9h50 pour signaler la présence d’un objet non-identifié sur la route. Une première a été désamorcée plus tôt et ils sont en train de s’occuper de la seconde. Mais il me rassure : c’est une petite bombe artisanale.
On est interrompu. Deux agents de l’Armed Police Force (APF), treillis, casques, mitraillette sous le bras et sifflet à la bouche font signe de reculer. Et dix secondes plus tard, boom.
Même si elle surprend, ce n’est pas une grosse détonation. D’ailleurs, je ne sens, ni ne vois aucune émotion chez les badauds. La plupart reste immobile et quelques-uns retournent à leur véhicule. « O-Kaaaayy ». Je commence ma réflexion comme Kumar, une nonchalante incertitude en plus. Justement, Kumar qui est toujours près de moi m’affirme que c’était une « explosion sûre et contrôlée ».
L’équipe de désamorçage reste encore quelques minutes là où l’objet non-identifié a explosé. Lorsque les trois agents reviennent à leur voiture, leurs collègues font signe que la route est rouverte. Pas d’applaudissement, pas même un soupir de soulagement dans l’assistance, la circulation sur la Ring Road reprend immédiatement comme un jour normal (alors que le bandh sur les transports est toujours d’actualité).
Je croyais avoir une information brûlante, mais ce genre de petit incident a déjà eu lieu ces derniers jours. Et il paraît que les opposants aux prochaines élections continueront de manifester leur désaccord avant le scrutin.
Finalement, je préfère que ce soit un incident « contrôlé » qu’un scoop éclatant. Oui, mais qui ça intéresse de savoir qu’une bombe artisanale a été désamorcée au Népal ?
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