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2014 : compte à rebours à Pokhara

Le 31 décembre, on est toujours en plein dans le 15th Street Festival de Pokhara. Retour sur l’échauffement, le match et les prolongations.

Notre soirée commence au restaurant Boomerang, très connu pour ses spectacles. Celui de ce 31 décembre représente différentes ethnies du Népal à travers leurs danses traditionnelles. Quand c’est au tour des Gurung, les danseuses tiennent le bout de leur jupe comme les danseuses de séga – mais les mouvements des bras, les pas, le rythme et les habits sont très différents. Toutes ces chorégraphies semblent raconter des histoires – souvent d’amour – mais on ne comprend rien aux paroles.
Pour permettre aux danseurs de changer de costumes, les musiciens nous gratifient d’interludes plaintifs où le tabla résonne trop fort. Tellement, qu’on est doublement content de voir réapparaître les danseuses et danseurs.

Ayant eu assez de danses traditionnelles, on se dirige vers le Club Amsterdam Café où l’on a vécu un grand moment rock deux jours plus tôt. Mais ce soir, le bar est très sélectif et les guitares électriques ont été remplacées par des rythmes techno. Alors on avance jusqu’au Monsoon qui n’a pas l’air très intéressant. Et en plus l’entrée est payante. Devant notre hésitation, l’homme à l’entrée propose quatre billets pour le prix de trois. Mais ça ne prend pas. Demi-tour vers le Rice Bowl Restaurant où un duo acoustique reprenait brillamment Bob Marley quelques minutes plus tôt. Pas très séduisant à l’intérieur : c’est plein à craquer comme un bus qui se dirige au nord du Fewa Tal (mais ça, c’est une autre histoire) et les musiciens font une pause.

31 déc. 2014 - soirée du Nouvel An au Paradise Café de Pokhara (Crédit : S.H)
31 déc. 2013 – soirée du Nouvel An au Paradise Café de Pokhara (Crédit : S.H)

La dernière étape est la bonne, mais pas sans embuche. L’ambiance du Paradise Café nous appelle même si le billet d’entrée + une bière offerte est à NRs1000. Comme je ne veux pas de bière, je négocie avec le videur qui confirme que je pourrai prendre une autre boisson au bar. Cool ! Mais le barman zélé ne veut pas en démordre. Normal, la San Miguel est partenaire de la soirée. Il chipote. Alors, comme un petit enfant pas content dans la cour de récréation qui va voir son professeur, je me dirige vers le videur : « mais vous m’aviez dit que je pourrais prendre une autre boisson ». En le disant, j’ai presque fait mon regard de cocker et retroussé ma lèvre inférieure. Je sais : c’est moi qui chipote. Mais le videur sympa [oxymore] demande au barman de m’accorder cette faveur. Et c’est comme ça que j’ai mon verre de Royal Stag.

Le ténébreux Shahrukh Khan est l'ambassadeur de la marque Royal Stag (Crédit : S.H)
Le ténébreux Shahrukh Khan est l’ambassadeur de la marque Royal Stag (Crédit : S.H)

Dans la cour du restaurant, un DJ est perché sur une scène et envoie de la dance, de la pop, du rock et des tubes de Bollywood. On passe d’AC/DC à Gangnam Style en passant par Calabria, Boney M et 740 Boys – de l’indémodable à la nostalgie, en passant par le has-been.
L’ambiance est bonne dans cette soirée qui correspond à mes fantasmes de la bourgeoisie népalaise. Le Black Label se mélange au Coca-Cola. Dans un coin, cinq filles lèvent le doigt au ciel à chaque gorgée de tequila – avec la lumière bleue tamisée qui les éclaire, ça fait très film américain. À cinq mètres de nous, un grand Népalais costaud complètement saoul se débat violemment alors que quatre personnes essaient de le calmer.
Un certain Mahesh s’approche de notre table pour nous inviter à suivre sa chorégraphie sur Badtameez Dil, extrait de la bande originale du film indien Yeh Jawaani Hai Deewani. Pas facile de bouger comme lui. Après nous avoir guidé, il me raconte qu’il travaille dans un bar à Los Angeles et qu’il est rentré pour fêter le Nouvel An en famille.

Après le compte à rebours, la soirée s’emballe et le barman a du mal à suivre. Un gin-tonic commandé et c’est une vodka-eau qui est servie. Aïe. Le grand costaud s’est endormi sur quatre chaises en rang. Les filles gardent le doigt levé en dansant.
Puis la soirée se termine brutalement et nous sommes les derniers à partir du Paradise Café. J’ai une énorme envie d’un sandwich comme ceux que dégustent Ted Mosby et Marshall Eriksen – après plus de deux ans – mais cette envie ne sera pas assouvie. Finalement, on se rabat sur le Meet Point Restaurant pour conclure ce réveillon. Depuis notre arrivée à Pokhara, j’ai été attiré par ce petit restaurant en face de notre hôtel. Tous les soirs, en rentrant de nos virées nocturnes, je voyais une ambiance séduisante – des Bideshi avec des Népalais tranquillement installés à la terrasse qui déborde sur la ruelle avec des foyers au milieu des tables pour réchauffer les clients. Il est 3h du matin et le gérant accepte de nous servir un poulet-frites pour nous requinquer après cette folle soirée. Autour de nous les uns articulent difficilement, les autres s’endorment.

Meet Point Restaurant : lieu de rencontres nocturnes à Pokhara (Crédit : S.H)
Meet Point Restaurant : lieu de rencontres nocturnes à Pokhara (Crédit : S.H)

Ayant commencé par l’authenticité soigné, en passant par l’ambiance locale aseptisée, voilà que nous terminons avec un after spontané. C’est une année qui commence bien.

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Auteur·e

fanuet

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