Lectrices, lecteurs, internautes, internautes, public chéri mon amour[1],
Je vous demande pardon – spécialement aux cinq abonnés au Feedburner de ce blog. Je vous ai laissés pendant deux longs mois. Je suis le premier (et peut-être le seul) à en avoir souffert. Mais je suis de retour.
Pourtant, avec tout ce qui s’est passé ici, j’aurais pu vous raconter plein d’histoires.
Les dames habillées en sari rouge ont dansé dans les rues pour fêter Teej. La Kumari, haut perchée dans son chariot, a été transportée dans le vieux Katmandou à l’occasion d’Indra Jatra. Des comédiens népalais m’ont vraiment fait croire que j’étais en Louisiane en interprétant superbement bien In the red and brown water. Des artistes se sont réunis autour du noble projet Artists Unite pour récolter des fonds pour aider les victimes des récentes inondations au Népal. Des écrivains d’Asie du Sud ont animé des conférences intéressantes au Ncell Nepal Literature Festival. L’artiste anglaise, Jan Salter a exposé 206 portraits émouvants (les « Faces of Nepal » conçus entre 1968 et 2014) au Nepal Art Council. Les cerfs-volants sont sortis pour annoncer l’arrivée de Dasain.
Deux, c’est aussi le nombre d’années qui se sont coulées depuis la publication de mon premier billet, le 26 septembre 2012 – d’ailleurs, il serait bon d’avoir quelques nouvelles de ces deux marins allemands. Entre-temps, il s’est aussi passé des choses. Il y a eu un départ de Madagascar, un interlude sénégalais, un départ pour le Népal et un interlude ivoirien. J’ai aussi fait un saut au Japon où le choc culturel (s’il y en a eu) n’était pas celui que j’appréhendais.
Le plus intéressant, c’est qu’il y a eu du nouveau sur Mondoblog également. Nous venons d’accueillir 100 nouveaux contributeurs sur la plateforme. J’ai été ravi de constater l’arrivée d’une Mauricienne, d’un Mauricien et d’une voisine du Sri Lanka. Je me sens moins seul (façon de parler). En tout cas, j’ai pris beaucoup de plaisir à lire leurs premiers billets. Allez les découvrir.
Oui, il y avait tant de choses à mettre en lumière. Mais la paresse est une bien vilaine chose.
Heureusement, deux c’est aussi le nombre de semaines qu’il faudra attendre pour voir se réveiller Katmandou. Après Dasain, la capitale retrouvera sa circulation étourdissante (nuages noirs et klaxons), mais surtout, elle nous offrira un peu de nourriture pour l’âme. Jazzmandu nous fera dodeliner avec sa programmation conventionnelle (à deux exceptions près). Planet Nepal sera une grosse fête de musique, de cirque et d’art de rue pour nous sensibiliser aux enjeux environnementaux (si vous voulez soutenir l’Alliance française de Katmandou dans ce projet, n’hésitez pas à donner quelques euros). Enfin, Tihar bouclera les festivités à la mi-novembre, avant que nous replongions dans l’hiver népalais.
Je me prépare donc à raconter ces futurs événements. Et pour les choses vieilles de plus de deux mois, je me demande encore si ça a du sens de les relater ici – serait-ce utile ?
Au Nepal Literature Festival, l’auteure bangladaise Farah Ghuznavi m’a un peu décomplexé sur ce genre de questions. Elle a affirmé qu’elle est son premier public, qu’elle ne pense jamais aux lecteurs en écrivant. J’ai trouvé ça égoïste, mais ça a conforté mes envies de publier les vieux textes qui encombrent mon disque dur.
En même temps, écrire pour soi ou écrire pour être apprécié par un éventuel lectorat, les deux relèvent d’un certain narcissisme, non ? Il n’y a pas de doute, je suis vraiment le seul à avoir souffert de ces deux mois sans publication.
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[1] Permettez-moi d’emprunter la formule à Pierre Desproges.
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