Un parfum occitan a soufflé sur le sud de l’île de La Réunion ce dernier week-end de juillet 2013. Il aura au moins soufflé dans ma face.
C’est un samedi qui commence fort sur le plan gastronomique : une fondue bourguignonne de la mer (avec du thon et des crevettes), une aïoli « créolisée » comme dit le chef (avec des patates douces et des chouchous) et la fameuse andouillette d’Eyragues – celui qui a mangé une andouillette lyonnaise et qui n’a pas mangé une andouillette eyraguaise peut dire je n’ai rien mangé. Du Saint-Félicien pour tasser, une tranche d’ananas pour rafraîchir et un rhum arrangé à la cannelle pour dissoudre le tout.
Nous voilà prêts pour aller à la « Fête de Bayonne de la rue Babet » – en fait c’est la feria de La Réunion qui se déroule dans la rue Auguste Babet de Saint-Pierre. Connaissant seulement les ferias de Nîmes et d’Arles, ma frustration de n’avoir jamais connu la folle ambiance de Bayonne est en train de s’envoler. D’ailleurs la vraie feria de Bayonne a lieu au même moment. En fait, elle bat son plein depuis trois jours et ça va durer encore plus de 24 heures.
« J’espère que la feria de Bayonne ne ressemble pas à ça »
Ce n’est qu’une petite partie de la rue Babet qui est en fête. Ce n’est pas l’effervescence qu’on attendait. Très vite, une personne du groupe dit: « Je ne connais pas la feria de Bayonne, mais j’espère qu’elle ne ressemble pas à ça ». Moi aussi. Quelques connaisseurs se moquent un peu jugeant qu’il y a trop de temps morts, que « dans les vraies ferias, le banda joue sans arrêt ». Il y aussi certains festayres nostalgiques et heureux à la fois : quelle chance de pouvoir assister à une feria « à 10 000 km de la métropole ». Ils chantent De Pampelune jusqu’à Bayonne à tue-tête en levant leurs verres de bière.
Du coup on se dit que « ça a le mérite d’exister ». Soyons indulgents. Ce n’est quand même que la deuxième édition. Et puis les organisateurs ont mis les moyens avec les artistes de feu, le concours de Paquito et les tours gratuits de taureau mécanique. Olé ! Même le site Internet du journal Sud-Ouest en a parlé.
Où sont les Basques ?
Il y a beaucoup de drapeaux basques. Les petits foulards rouges et les bérets noirs aussi. Et parfois les trois en même temps. Il y a cette dame qui chante, debout sur un bar, le béret noir sur la tête, le foulard rouge autour du cou et elle agite le drapeau basque à une cadence en parfait désaccord avec le rythme de la musique. Forcément, pour faire la conversation au serveur ou à celui qui renverse de la sangria sur mes pieds, je demande: « Et vous êtes Basque ? » À part un « Par ma mère, mais je n’y ai jamais vécu », je n’ai eu que des « pas du tout » bien appuyés à chaque fois. C’est la déception. Je voulais tellement entendre « Osasuna Ta Askatasuna » avec le bon accent sous les tropiques.
Alors c’est vrai, le banda n’est pas toujours au top, mais il sait nous réveiller quand on commence à s’ennuyer. C’est vrai, je ne rencontre pas de Basques, mais c’est ça qui est bon – les Européens font bien des soirées « plage » sans m’inviter. Et puis, un événement avec des ancrages (géographique et identitaire) européens si forts qui réussit à avoir un écho dans l’océan Indien, c’est un peu ça La Réunion du métissage, de la tolérance et bla bla bla…
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