Crédit: Franzi Meyer, Unsplash

Je me souviendrai de Caroline

Caroline était ma cheffe. Elle est décédée le 4 janvier 2024 après plus de deux ans de maladie. Lors d’une insomnie, j’ai eu envie de me rappeler d’elle et des petites choses qui nous reliaient à la manière du “Je me souviens” de Georges Perec.

Je me souviendrai de notre rendez-vous “catch up”, le 23 juillet 2019. 
Je me souviendrai de ma surprise.
Je me souviendrai de ton sourire. 
Je me souviendrai de notre complicité. Je me souviendrai de mon immense fierté à l’éprouver. Je me souviendrai de ma pudeur quand il m’arrivait d’en parler.
Je me souviendrai de nos désaccords.
Je me souviendrai de nos fulgurances.
Je me souviendrai de ton écoute.
Je me souviendrai de tes séances de spinning du mercredi.
Je me souviendrai de nos conversations tardives avec Patrice.
Je me souviendrai de nos doutes. 
Je me souviendrai de ta douceur.
Je me souviendrai de la sonnerie de ton téléphone.
Je me souviendrai t’avoir déçue. Je me souviendrai de ton coup de téléphone. Je me souviendrai avoir eu peur de te décevoir à nouveau. Je me souviendrai de ma chance.
Je me souviendrai que tu m’as impressionné.
Je me souviendrai de comment tu me parlais de tes filles.
Je me souviendrai de tes hésitations. Je me souviendrai avoir pensé “elle avait raison”.
Je me souviendrai de nos digressions. Je me souviendrai de notre capacité à, toujours, retourner au sujet initial de notre conversation.
Je me souviendrai de tes retards.
Je me souviendrai que je me sentais bien dans ton bureau. Je me souviendrai m’être dit “je l’embête avec mes états d’âme”. Je me souviendrai de ton intérêt pour mes histoires.
Je me souviendrai de ta confiance.

Je me souviendrai de ton annonce.

Je me souviendrai de ton brownie.
Je me souviendrai de ton calme.
Je me souviendrai que tu m’as manqué.
Je me souviendrai d’Olaf.
Je me souviendrai de tes longs cheveux.
Je me souviendrai de l’incertitude.
Je me souviendrai de mes larmes quand je t’ai dit que tu comptes pour moi.

Je me souviendrai de notre dernière rencontre. Je me souviendrai de mes deux certitudes contradictoires en partant.

Je me souviendrai du 4 janvier 2024.
Je me souviendrai d’un pressentiment.
Je me souviendrai de l’appel de Thierry. Je me souviendrai de mes coups de téléphone.
Je me souviendrai avoir serré les dents.
Je me souviendrai avoir été triste de ne pas avoir reçu de réponse à mon dernier message.
Je me souviendrai avoir oublié. Je me souviendrai m’être rappelé.
Je me souviendrai que c’est bon de pleurer.

Je me souviendrai de cet engagement envers moi-même.

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Auteur·e

fanuet

Commentaires

TOURE Audrey Marie-Louise
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un bel hommage